Regards croisés sur ORSECA – Un chef de département témoigne

Exercice ORSECA : la Protection Civile de Loire-Atlantique en première ligne pour l’entraînement à la gestion de crise

Dans la nuit du mercredi 6 novembre 2024, l’aéroport Nantes Atlantique a été le théâtre d’une simulation grandeur nature d’une crise aérienne. Organisé par la Préfecture de la région Pays de la Loire et de la Loire-Atlantique, l’exercice ORSECA (Organisation de la Réponse de Sécurité Civile) a mobilisé plus de 700 professionnels, dont la Protection Civile de Loire-Atlantique (APC44). Retour sur cet événement crucial pour l’amélioration de la réponse aux situations d’urgence.

L’exercice ORSECA : un scénario catastrophe au service de la préparation

En pleine nuit, à une heure où l’aéroport est habituellement calme, un scénario d’urgence a été lancé : la simulation d’un avion sortant de piste. L’opération impliquait une quarantaine de victimes, blessées à des degrés divers, et une centaine de proches rassemblés en attente de nouvelles, anxieux et en quête d’informations.  

Face à cette situation fictive mais réaliste, la mission des secours, y compris celle de la Protection Civile, a été claire : prendre en charge les victimes, apporter un soutien psychologique aux familles et gérer la logistique de crise en coopération avec les autorités et les autres acteurs mobilisés.  

La mission de la Protection Civile de Loire-Atlantique dans ORSECA  

La Protection Civile de Loire-Atlantique a joué un rôle central dans cet exercice, apportant son expertise en secourisme et en gestion de crise. Les équipes déployées ont eu pour responsabilité de :

  • Apporter les premiers secours : évaluation des blessures, tri des victimes, mise en sécurité et stabilisation des cas les plus critiques.
  • Gérer le soutien psychologique des familles : prise en charge des proches, écoute attentive et mise en place d’un espace de regroupement pour les informer de la situation.
  • Assurer la logistique : soutien aux autorités dans la coordination des moyens humains et matériels.

Cet exercice a été l’occasion de mettre en avant les compétences et le professionnalisme des bénévoles et équipes de la Protection Civile, dans un environnement collaboratif exigeant.

Témoignage : Le regard d’un organisateur sur l’exercice ORSECA

Pour mieux comprendre les enjeux et les objectifs de cet exercice, nous avons interrogé Thibaut Jung, chef de département de l’aéroport Nantes Atlantique, en charge de la sécurité et de la gestion des risques.

Pouvez-vous vous présenter brièvement en précisant votre fonction et vos missions au quotidien ?

Je suis chef de département à l’aéroport de Nantes Atlantique, chargé de la sécurité et de la gestion des risques. Le département comprend des activités opérationnelles, le SSLIA, le SPRA, le PC sécurité, le service médical, et également les activités de prévention de santé et de la sécurité au travail ou de gestion des risques en général, ainsi que l’anticipation des crises et la résilience.

Quel a été votre rôle exact dans l’exercice ORSECA ?

J’ai conçu cet exercice ORSECA 2024 de façon bicéphale avec Audrey GUINEL pour la préfecture et j’ai assuré la fonction DIREX.

Que pensez-vous de l’exercice ORSECA et de son importance pour la préparation aux crises aériennes ?

Au-delà des exigences réglementaires de l’EU et de son cycle obligatoire de 2 ans, l’exercice d’ampleur est l’aboutissement d’un processus de formations et d’entraînements de tous personnels et services concourant à ces organisations de crise. Ces exercices sont multisites et seront toujours complexes en raison du nombre élevé d’intervenants, y compris pour le pilotage stratégique de crise. D’où l’importance de l’entraînement routinier étalé sur 2 ans. Ce cheminement permet aux acteurs de se connaître vraiment, de participer à des rituels comme les jeux d’acteurs sur table, de tester des nouveautés avant l’exercice final, et d’éviter des idées de manœuvre théoriques vouées à l’échec. Les crises aéroportuaires sont complexes en raison du volume d’acteurs et des enjeux souvent méconnus, sur le plan médico-légal ou sur le plan des indemnisations par exemple. Ce n’est absolument pas l’opération de secours qui est l’épicentre des difficultés. C’est une des difficultés. Ces exercices multisites coordonnés avec précision sont donc indispensables pour la préparation de la gestion des crises aéroportuaires.

Quel a été le rôle spécifique de la Protection Civile de Loire-Atlantique dans cet exercice selon vous ?

L’ADPC a actuellement deux missions : participer au soutien des familles et attendants au CAF (Centre d’Accueil des Attendants) et assurer la gestion du Centre d’Accueil des Impliqués (CADI).

Quelle plus-value la Protection Civile a-t-elle apportée à l’exercice ORSECA ?

L’ADPC a eu l’occasion de tenir un CADI de façon autonome, avec bien sûr l’indispensable participation de la CUMP dans ce cadre de son expertise autour de l’aide médico-psychologique, et celle du SDIS pour le lien avec le COS et le PCO in fine.

Cette compétence est précieuse car nous savons, par retour d’expérience de nos aéroports présents sur tous les continents, que les accidents aériens mobilisent des moyens importants dans tous les services concourant aux opérations. Les moyens disponibles ne sont pas égaux en fonction de la saison, de l’heure, de l’actualité… L’heure est à la mutualisation des moyens quand c’est possible et au recentrage sur les missions essentielles de chacun. Sur le terrain du CAF, l’ADPC a montré sa capacité à s’engager dans un dispositif partagé avec des partenaires dont les cultures et les modes de communication sont différents. Évidemment la préparation fait que les responsables opérationnels se connaissaient à l’avance et avaient tissé les prémices d’une organisation. Ce biais dans l’exercice de crise n’empêche pas de relever les grands progrès réalisés depuis 2008, notamment pour trouver concrètement et rapidement des postures partagées et une organisation efficace.

Quels sont, selon vous, les axes d’amélioration ou les projets à développer pour renforcer la collaboration entre la Protection Civile et les autres acteurs des secours ?

Il faut continuer nos formations et entraînements réguliers communautaires, au moins 2 fois par an, avec des scénarios rafraîchis pour nous stimuler davantage et prévenir les « biais de l’histoire » qui sont des sources de dysfonctionnement dans les opérations futures.

Souhaitez-vous partager une anecdote ou un moment marquant vécu lors de l’exercice ORSECA ?

Nous avons été particulièrement heureux de retrouver sur cet exercice des piliers de l’ADPC, déjà présents en 2008, à l’œuvre pour la transmission de leur expérience à une génération montante, par ailleurs très douée dans la mise en œuvre de nouveaux outils prometteurs. Preuve que l’alliance générationnelle fonctionne à l’ADPC.

L’exercice ORSECA a répondu à plusieurs objectifs :  

– Tester les plans de secours en cas de catastrophe aérienne, afin d’en détecter les forces et les failles.  

– Renforcer la coordination interservices, en particulier entre les équipes de secours, les autorités locales, et les gestionnaires de l’aéroport.  

– Améliorer la communication entre les parties prenantes et auprès du public, notamment en situation de stress intense.  

La Protection Civile a ainsi démontré sa capacité à s’intégrer efficacement dans des dispositifs de grande envergure, tout en mettant l’accent sur l’humanisation de la prise en charge des victimes et des familles. Notre association continue de travailler sans relâche pour être prête à répondre à toutes les situations de crise. Cet engagement constant s’inscrit dans une volonté d’amélioration continue, à travers des formations régulières, des exercices collaboratifs et une recherche permanente d’excellence.

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